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avec certains acolytes loin des regards indiscrets.


LA MAISON DITE DE ROBESPIERRE
à Maison-Alfort

Le maire de l’endroit était, au début de 1793, Pierre-Jean Vaugeois, frère de madame Duplay : soixante-deux ans, perruque blonde, nez long, visage mince marqué d’une tache bleue au-dessus de l’œil droit[1]. Sa parenté avec l’hôte de Robespierre lui donnait de l’importance ; il en prenait davantage encore du titre de premier magistrat d’une bourgade où les splendeurs du château royal mises à l’encan attiraient quelques avisés spéculateurs. Un certain Benoit, se disant ancien orfèvre du clergé, grand ami de l’évêque intrus Gobel, acheta les écuries du ci-devant tyran et se tailla un beau jardin anglais sur les terrasses de la Pompadour[2]. Le grand château, dont l’acquéreur se déclara insolvable, fut transformé, partie en hôpital militaire, partie en salles de bal pour les citoyens du village ; le petit château, élevé pour Louis XV par l’architecte Gabriel[3], devint la propriété d’un certain Bonardot, ami du général Hanriot qui souvent y faisait bombance avec ses aides de camp[4]. Vaugeois se créait donc de belles relations : ayant acquis, concurremment avec Fauvelle et Danton, les vins du ci-devant duc de Coigny, il put se permettre de recevoir, lui aussi, Hanriot, grand amateur de bons crus, et ses officiers d’ordonnance, dont plusieurs étaient également fins connaisseurs. Après le repas,

  1. Archives nationales, F7 477541. Extrait des minutes du greffe de la justice de paix des commune et canton de Chantilly.
  2. Archives nationales, WIA 79.
  3. Comte de Fels, Ange Jacques Gabriel, premier architecte du roi, p. 185 et s. et planche XII.
  4. Archives nationales, WIA 79.