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meublé sa maison de campagne, les draps si fins de Marie-Antoinette garnissant les lits, et l’on songe à « l’argenterie de la Chimay », enlevée d’Issy par ce même Deschamps, peut-être pour en faire honneur à ses convives.

À Maisons-Alfort on était sur le chemin de Choisy, et c’est là que, décidément, on résolut de se retrouver. Le 17 mars 1793, un certain Nicolas Fauvelle, simple employé à la fabrication des assignats[1], se rendait acquéreur d’une grande maison située à Choisy sur le bord de la Seine et agrémentée d’un parc magnifique. On disait dans le pays que Fauvelle n’achetait pas cette propriété pour son compte, mais comme prête-nom de Danton, et, de fait, celui-ci s’y installait aussitôt et s’y meublait agréablement. Dès lors, les témoignages abondent : celui de la maison, d’abord, qui, menacée d’une prochaine destruction par l’élargissement de la voie ferrée, est encore debout, fort délabrée, habitée par des ménages d’ouvriers, mais non dépourvue de tout vestige de splendeur, avec son grand salon à huit fenêtres, son balcon en encorbellement dominant le cours de la Seine et ses charmilles au bord de la rivière. En 1908, fut apposée sur cette maison, en présence de M. Clemenceau, alors président du Conseil des ministres, une plaque commémorant le séjour de Danton, séjour qui fut court, puisque le tribun mourut un an après son installation à Choisy ; mais ce bourg présentait des avantages et Robespierre continua d’y fréquenter, pour s’y concerter

  1. Archives de l’étude de Me Bochet, notaire à Choisy-le-Roi.