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montait la garde dans la cour du menuisier et se révélait, dans cet emploi, l’un des plus vigilants cerbères de l’Incorruptible.

D’autre part, on a vu, en ventôse, Robespierre dîner avec Danton, à Charenton, chez Humbert. Bien avant cette date, une partie du Comité de salut public, désertant les Tuileries, avait tenu là des conciliabules clandestins où l’on admettait Robespierre, qui n’était pas alors membre du Comité, et aussi Pache, Hébert et autres personnages influents de la Commune de Paris[1] ; et ceci confère une extrême importance aux rapports adressés à lord Granville par un espion au service du cabinet britannique qui se flattait d’assister aux séances secrètes du grand Comité[2]. On ne pouvait admettre qu’il se fût introduit dans le local, si bien gardé, des Tuileries ; mais rien de plus vraisemblable que, à Charenton et ailleurs, dans une maison particulière où la présence des conjurés apportait nécessairement le désarroi et nécessitait un renfort de serviteurs, l’espion anglais, travesti en domestique ou autrement, eût surpris les conversations. Il est certain qu’il parvint à suivre les conciliabules secrets dans leurs déplacements, car ce n’était pas toujours à Charenton que les dissidents du Comité se réunissaient aux membres de la Commune ; il paraît très probable que certaines de ces séances se tinrent chez Deschamps, à Maisons-Alfort ; on se rappelle avec quel luxe cet ami de Robespierre avait

  1. Sur cette question des séances secrètes du Comité de salut public à Charenton, Moniteur, réimpression, XXII, 139 et 304.
  2. Manuscripts of J. B. Fortescue, esq., preserved at Dropmore. Correspondance de l’espion anglais avec lord Grenville.