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amené deux femmes pour égayer la fête[1]. À Vanves, village voisin, on croyait l’Incorruptible possesseur d’un ancien couvent acheté pour son compte sous le nom d’une citoyenne qu’on disait être sa maîtresse. De tous ces bruits, on n’a rien pu contrôler, sinon que Robespierre ne fut jamais propriétaire à Vanves ; mais madame de Chalabre y possédait une maison de campagne, ce qui rend bien probables les visites de son ami. Madame de Chalabre était, en effet, la fervente admiratrice de Maximilien ; pour ne point s’éloigner de lui, – on ne l’a pas oublié, peut-être, – elle logeait chez l’imprimeur Nicolas, dans une dépendance de la Conception, attenante à la maison Duplay[2]. Elle

  1. Archives nationales, W 500.
  2. Archives nationales, F7 4432 et 477457.

    D’après une tradition très vivante à Montmorency et si solidement enracinée que, à défaut d’un document péremptoire, il est bien difficile de ne point l’accepter, Robespierre, dans l’été de l’an II, aurait habité l’Ermitage de Jean-Jacques Rousseau. Cette petite maison, confisquée sur l’émigré Belzunce, gendre de madame d’Épinal, était devenue bien de la Nation. Elle fut louée un certain temps par Regnault de Saint-Jean-d’Angely, ex-député à la Constituante, qui, proscrit et caché, laissa l’Ermitage vacant. C’est alors que Robespierre l’aurait occupé, attiré là par son culte pour l’auteur du Contrat social et aussi par les citoyens Leturc et Carré, successivement maires de Montmorency pendant la Révolution. Leurs concordantes assertions sur ce point n’ont jamais varié, et, transmises à leur famille, admises par d’éminents érudits locaux, elles sont devenues articles de foi. (Voir, Revue illustrée des communes de France, Montmorency, 1909.) La tradition remonte donc à la Révolution ; elle précise même que Maximilien passa à l’Ermitage la nuit du 5 au 6 thermidor, nuit de recueillement à la veille du jour où son destin allait se décider et au cours de laquelle son âme mystique dut converser avec celle du philosophe bourru qu’il avait pris pour maître et pour modèle. Grétry posséda l’Ermitage dès 1798. Son neveu, Flamand-Grétry, qui a écrit une extraordinaire et compacte histoire de ses relations avec le compositeur – La Vallée de Montmorency – et qui lui-même hérita de la petite maison de Rousseau, consigne dans cet ouvrage le séjour qu’y aurait fait Robespierre.