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après le départ de ses collègues, il trouvait le loisir de quitter parfois Paris. Il disposait, on le sait, d’une voiture, ce qui facilitait ses déplacements[1] et les invitations ne lui manquaient pas. C’est ainsi qu’il se rendait chez son ami Jean-Jacques Arthur, membre de la Commune, fameux pour avoir, disait-on, mangé le cœur d’un suisse tué au 10 août. La farouche démagogie d’Arthur s’accommodait cependant des royales splendeurs de la terre seigneuriale de Bercy qu’il avait louée pour son propre usage avec son château et son parc, – le plus beau des environs de Paris. Là, Robespierre se plaisait à pêcher les poissons du bassin et les jardiniers s’étonnaient, lorsqu’une belle carpe, prise à sa ligne et tirée hors de l’eau, faisait des sauts dans l’herbe du bord, de le voir s’apitoyer très sincèrement sur l’agonie de sa capture. D’autre part, les habitants d’Issy se disaient persuadés, en l’été de l’an II, que Maximilien venait souvent dîner dans leur commune, avec Couthon, Hanriot et d’autres, « chez un citoyen Auvray, couvreur du ci-devant roi » ; après le repas, il allait se promener dans le parc de la ci-devant princesse de Chimay, alors emprisonnée à Paris. On citait Deschamps et Didiée comme ayant été chargés « d’enlever l’argenterie de la Chimay » ; tous les habitants « se plaignaient du ton arrogant et méprisant dont ces messieurs se comportaient à Issy[2] ». Même à la fin de messidor, l’épicier Lohier y aurait, un jour,

  1. Archives nationales, W 79. – Ramoger, agent national de Choisy-le-Roi, venu à Paris avec Vaugeois qui le laisse dans un café où il le reprend longtemps après, disait « qu’il avait dîné avec Robespierre et était sorti avec lui dans sa voiture ».
  2. Archives nationales, F7 4432.