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métaphysiques, ses gardes, sa sûreté personnelle, toutes choses incompatibles avec l’amour, ne donnaient chez lui aucune prise à cette passion[1] ».

Dans ses touchants souvenirs de jeunesse, Élisabeth Le Bas rapporte qu’elle allait souvent, avec ses parents et ses sœurs, se promener aux Champs-Élysées : « Nous choisissions ordinairement les allées les plus retirées ; Robespierre nous accompagnait… Nous passions ainsi d’heureux instants ensemble. Nous étions toujours entourés de petits Savoyards que Robespierre se plaisait à voir danser ; il leur donnait de l’argent ; il était si bon !… Il avait un chien, nommé Brount, qu’il aimait beaucoup ; la pauvre bête lui était très attachée[2]. » Louis Blanc, s’emparant de ce thème idyllique, a précisé : seulement les promenades de Robespierre deviennent, sous sa plume, « solitaires » ; les petits Savoyards ne dansent plus ; « ils jouent de la vielle et chantent quelques airs des montagnes », et Maximilien les traite « avec une munificence si assidue » qu’ils l’appellent « le bon Monsieur ». Ainsi progressent et s’embellissent les légendes ; outre que cet épisode semble un peu trop copié des Rêveries d’un promeneur solitaire, où J.-J. Rousseau conte ses largesses envers les petits Savoyards de la Chevrette[3], Robespierre, on n’en doit plus douter, entreprenait des promenades moins bucoliques. Depuis qu’il boudait le Comité de salut public et n’y passait que de temps à autre, tard dans la soirée,

  1. Baudot, Notes historiques, 242.
  2. Stéphane Pol, ouvrage cité. Récit de madame Le Bas, 107.
  3. Neuvième promenade.