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Maximilien. Ont-ils chambré leur hôte, timide, craintif, et soupçonneux ? Est-ce lui qui s’est volontairement recoquillé dans cet étroit milieu au point d’y borner son horizon ? Imagine-t-il, par cette réclusion chez les ouvriers, se poser en symbole et proclamer tacitement son mépris pour les jouisseurs de la Révolution, ceux qu’il appelle « les corrompus », ceux qui font bombance, courent les filles ou s’enrichissent ? Tout a bien changé dans l’allure du menuisier depuis le soir de juillet 1791 où, cédant à un mouvement charitable, il a introduit chez lui le petit député à la Constituante. Duplay est devenu un personnage : les plus influents le ménagent et le flattent ; beaucoup l’envient. Collot d’Herbois lui adresse « l’assurance de son amitié franche, inaltérable, pour sa républicaine famille… ». – « Bon citoyen, heureux père, ton fils, déjà fort des principes dont il est nourri, recueillera un bel héritage et saura le conserver[1]… » Madame Duplay ne se renferme plus exclusivement dans les soins de son ménage et dévoile, à table, les intrigues qui se trament dans son entourage[2]. Simon Duplay, le secrétaire à la jambe de bois, a pris tant d’importance au service de Robespierre qu’on le soupçonne d’avoir pénétré, de nuit, sur l’ordre de son patron, dans les locaux des Comités pour y soustraire plusieurs cartons d’archives[3]. Les filles du menuisier elles-mêmes sont en vedette : en ce messidor de l’an II, la tendre Élisabeth, mariée

  1. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, I, 315.
  2. Idem, III, 90. – « La citoyenne Duplay nous a dit chez elle, à table, que Nicolas était à la tête de cette trame. »
  3. Archives nationales, WIA 79. Pièces relatives à l’affaire du citoyen Duplay et autres.