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allé comme pour sortir par les cours ; mais il s’est ravisé, a pris par le jardin national, a remonté par le bas de la terrasse des Feuillants et est retourné sur ses pas ; a remonté ladite terrasse par l’escalier qui fait face au café Hotto ; s’est encore amusé à marchander des livres un grand quart d’heure ; de là, a pris la porte du Manège et est entré chez Venua, restaurateur, n° 75. Nous l’avons quitté à six heures sans avoir pu savoir où il s’en est allé[1]… » Si les représentants échappent ainsi à la pourchasse continuelle des mouchards de Maximilien, c’est qu’ils se savent traqués et ne couchent plus chez eux, se terrant « dans les tanières les plus inaccessibles de la ville[2] ».

On est saturé de Terreur. Le sémillant Barère est résolu à mourir ; d’autres, également décidés à en finir, mais moins résignés, complotent d’assassiner leur persécuteur. Berryer le père raconte que Bourdon de l’Oise lui montra « un coutelas qu’il repassait depuis près d’un mois » et dont il se proposait de percer, à la première occasion, le cœur de Robespierre[3]. La peur n’étreignait pas seulement l’Assemblée ; toute la France haletait dans la torpeur de l’agonie ; partout circulaient des inconnus, munis de pouvoirs émanant du Comité de salut public et qui se disaient « agents de Robespierre ». Curieuse galerie de personnages inquiétants, subitement sortis de l’ombre où ils rentrent, ignorés et insaisissables : Villambre, ex-adjudant au 4e bataillon

  1. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, I, 374, 375.
  2. D’Héricault, La Révolution de thermidor, 280, et Baudot, Notes historiques, 323.
  3. Souvenirs de Berryer, I, 227, cité par d’Héricault.