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Et puis, Robespierre a ses Lyonnais, des solides, ceux-là, et dont le centre de réunion est chez le vinaigrier Gravier, logé, on l’a dit déjà, dans la maison mitoyenne à celle des Duplay. Gravier est juré de fondation au Tribunal ; il a piloté dans Paris ses trois concitoyens de renfort, appelés en vertu de la loi de prairial, et dont il a signalé lui-même à Robespierre la vigueur patriotique[1] : le cordonnier Maçon[2], le chapelier Émery[3], et Fillion, qualifié « fabricant », un pur qui, en 1793, s’est proposé comme bourreau, pour le plaisir de débarrasser des aristocrates le chef-lieu du Rhône[4]. Ils avaient laissé des amis à Lyon, entre autres Achard, receveur du district, et Pilot, directeur des Postes et président des Jacobins locaux, auxquels ils écrivaient fréquemment.

Précieuses, ces lettres ; tous sont en relations suivies avec Robespierre, Duplay, Renaudin, Nicolas et autres, car cette correspondance implique avec ceux-ci une grande intimité et une parfaite conformité de vues. Achard tient Gravier au courant des travaux du tribunal lyonnais : « Qu’il est grand ! Qu’il est sublime ! Tous les jours il en passe, tant fusillés que guillotinés, au moins une cinquantaine… » Pilot donne des nouvelles de sa santé, fort atteinte, mais « qui se rétablit chaque jour par l’effet de la destruction des ennemis de notre commune

  1. Archives nationales, F7 4436, plaquette 3, pièces 85 et 87.
  2. Ou Masson ; sans nul doute celui qui est désigné Maçon sur la liste de Robespierre ; le même que le Musson de la réimpression du Moniteur, XX, 696.
  3. Archives nationales, W 501.
  4. Campardon, Tribunal révolutionnaire, I, 343, n.