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il lui emprunte, au contraire, de l’argent, et lui doit 2.386 livres, qu’il a promis de lui rendre « pour le 10 ou 12 thermidor[1] ».

Tous spéculent sur l’avenir de Robespierre : tous, en attendant mieux, lui doivent leur salaire quotidien ; aussi le servent-ils aveuglément et tiennent tant à sa vie qu’ils se sont constitués ses gardes du corps. Il ne sort pas sans être entouré de sept à huit gaillards, solides, armés de gros bâtons ; s’il vient au Comité de salut public, ces satellites restent dans l’antichambre[2]. Garnier-Launay, Didiée, Taschereau, Boullanger, Nicolas font ordinairement partie de cette escorte, et l’on s’étonne que la chose ait pu être mise en doute, car plusieurs d’entre eux l’ont avouée. On sait même par Girard, – autre juré, – que cette petite cohorte de protecteurs n’était pas composée que de volontaires : « Je fus sensiblement invité, dit-il, pour accompagner Robespierre quand il n’avait pas assez de monde[3]… » Et on a le témoignage d’un citoyen qui suivit un jour, par curiosité, le grand homme, encadré de cette garde d’honneur : « Ils étaient douze à quinze ; arrivés devant la maison, l’un d’eux se porta en avant, ouvrit la porte et la tint ouverte jusqu’à ce que Robespierre, qui avait l’air important, fût entré. » Tous pénétrèrent dans la maison à sa suite et le même cérémonial se reproduisait « après chaque séance des Jacobins[4] ».

  1. Archives nationales, F7 477547. Dossiers de Guislin-François Villers.
  2. Baudot, Notes historiques, 183.
  3. Archives nationales, W 500, 1er dossier, 122, cité par Campardon, Tribunal révolutionnaire, I, 342.
  4. Déclaration de Foucault, juge au Tribunal révolutionnaire, Archives nationales, WIA 80, témoignage qui confirme les pièces justificatives LIXa et b du premier rapport de Courtois.