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Cette manne de places et d’avantages, l’espoir de prochains bénéfices, plus importants encore, encourageaient à se rallier au parti de l’Incorruptible, car on savait que sa générosité envers ses fidèles ne connaissait pas de limites, d’autant plus qu’elle s’exerçait aux frais de la nation. On a déjà cité le cas de Calandini, le savetier promu général, de Duplay, de Cietty, chargés de travaux par le gouvernement, du serrurier Didiée, de Nicolas, des cousins de madame Duplay, nommés jurés à dix-huit francs par jour, de Garnier-Launay, de l’épicier Lohier devenus juges au Tribunal révolutionnaire. On pourrait citer bien d’autres traits de la sollicitude de Robespierre envers ses bons serviteurs. Le compagnon joaillier Boullanger est, comme Deschamps, aide de camp d’Hanriot ; lui aussi se trouve sur la liste des citoyens ayant des talents ; il y voisine avec Mathon[1], qui est administrateur des charrois, avec Fleuriot-Lescot, qui est maire de Paris, avec Lasne qui est secrétaire général de la Commission des administrations civiles, police et tribunaux, avec Moënne, substitut de l’agent national Payan, avec Garnerin, chargé d’importantes missions en Alsace. Les moins doués sont casés en masse dans le jury du tribunal de Fouquier où le travail n’exige aucune aptitude. Les créatures de Robespierre y foisonnent : le charpentier Trinchard, « l’homme de la nature », qui finira policier du Directoire, et qui s’est immortalisé par la lettre fameuse où il se vante d’avoir été l’un de ceux qui on juge la bete feroche qui a devoré une grande partie de la république,

  1. Archives nationales, F7 3822.