Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/251

Cette page n’a pas encore été corrigée

ils sont pourvus de bonnes places : on y trouve Lubin, le boucher du faubourg Saint-Honoré : il deviendra secrétaire de la Commune ; Raisson, un limonadier : il sera promu commissaire aux subsistances ; le menuisier Ragot, – bientôt membre de la sanguinaire Commission d’Orange ; Lambert, le berger d’Étoges, complètement illettré, pas méchant, d’ailleurs : en qualité de commissaire du pouvoir exécutif, il mettra au pas toute la Champagne… Il fait bon être sur la liste de Robespierre : il serait précieux de connaître sur quels renseignements ou sur quelles recommandations, à la suite de quelles enquêtes il les y consignait. L’indiscrétion des dossiers d’archives permet d’en identifier quelques-uns.

On a déjà nommé, au cours de ce récit, l’imprimeur Nicolas, qui avait installé ses presses dans le voisinage immédiat de la maison Duplay et auquel la clientèle du gouvernement procurait de très lucratifs travaux. Il imprime pour les Jacobins[1], pour la Convention[2], pour le département[3], ses presses ne suffisent pas aux commandes : dans un carnet de l’ami Payan, agent national de la Commune de Paris, on lit : « Quel moyen employer pour procurer au citoyen Nicolas, au prix d’estimation, six presses que l’on prendrait parmi celles des émigrés ou des guillotinés[4] ? » Le moyen fut vite trouvé : on incarcéra « comme complice des assassins de

  1. Papiers inédits, III, 90.
  2. Archives nationales, AFII 33274. « Germinal an II : reçu 18.000 exemplaires du rapport de Saint-Just sur la faction de l’étranger, imprimé par Nicolas, rue Honoré, n° 755. »
  3. Répertoire Tuetey, IX, 1997.
  4. Papiers inédits, II, 389.