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répandue dans le jardin, acclame l’hymne magnifique et prolonge jusqu’au jour ses chants et ses danses. Ceci encore déplaît à Robespierre, offusqué par l’obsédante intuition de la vanité des mesquineries tortueuses de sa politique, comparées à l’éclatante victoire de nos soldats, dont l’écho met Paris en liesse. Cette joie dont il n’est pas l’objet, ce chant de gloire célébrant d’autres exploits que les siens l’atteignent comme une injure : « On juge de la prospérité d’un État, dit-il, moins par les succès de l’extérieur que par l’heureuse situation de l’intérieur[1]… »

Il donne libre cours à sa bile le 21 messidor, aux Jacobins, déclarant que : « la véritable victoire est celle que les amis de la liberté remportent sur les factions[2] », s’efforçant ainsi de rabaisser les valeureuses armées de la République et l’admirable Carnot qui les a créées. En quoi sa jalousie maladive l’inspire mal, car le moindre faux pas peut maintenant le précipiter. Payan l’a pressenti : l’hilarante révélation des mystères de la Mère de Dieu a porté un coup funeste au culte comme au pontife de l’Être suprême. En opposant au proclamateur du dogme de l’immortalité de l’âme une vieille sorcière aux trois quarts folle, mais bien plus forte encore, puisqu’elle décerne à ses élus l’immortalité du corps, Vadier a fait œuvre de maître : depuis qu’on a ri de lui, coïncidence bien saisissante, Maximilien est comme un homme qui ne veut pas s’avouer touché, mais qu’une pourchasse inquiétante déroute.

Il semble qu’il se dérobe, troublé, n’ayant plus

  1. Aulard, Société des Jacobins, VI, 193. Séance du 9 messidor.
  2. Idem, p. 212.