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700 livres à ses sœurs Eulalie et Henriette, très pieuses et dévotes filles dont l’avoir est des plus modiques, disparaît de nouveau pendant deux ans, sans qu’il soit possible de percer le mystère de sa retraite. On le reverra, en octobre 1768, implorant un subside de sa vieille mère, retirée, depuis son veuvage, au couvent des Dames de la Paix, et l’obtenant bien probablement, car, à cette même date, il renonce, « tant pour lui que pour sa postérité », à ses droits sur toute succession éventuelle[1]. Ayant ainsi compromis l’avenir de ses enfants, François de Robespierre s’expatria et s’établit à Mannheim, dans le Palatinat rhénan[2].

Dès les premières escapades de ce père singulier, on assura le sort des quatre petits abandonnés. Les tantes Eulalie et Henriette se chargèrent des deux fillettes, Charlotte, âgée de quatre ans en 1764, et Françoise, plus jeune de dix-huit mois. Le grand-papa Carrault, le brasseur du faubourg Ronville, prit chez lui les deux garçons, Augustin-Bon, dit

  1. La mère de François de Robespierre, grand’mère paternelle de Maximilien, était née d’un cabaretier de la rue Saint-Gery, nommé Poiteau. Elle possédait deux maisons à Arras : l’une place des Chaudronniers, l’autre rue des Bouchers, et quelques biens ; l’ensemble estimé à 12 ou 15.000 livres.
  2. C’est aux patientes recherches de M. A. Lavoine, actuellement conservateur adjoint des Archives du Pas-de-Calais, que l’on doit de pouvoir éclairer quelques points de l’étrange existence du père de Robespierre. Il semble que jamais Maximilien n’a fait allusion à ces faits dont il fut plus tard, il n’en faut pas douter, informé. Quant à sa sœur Charlotte, dans ses Mémoires, – s’ils sont authentiques, – elle se borne à écrire : – « Notre pauvre père… fut inconsolable… on lui conseilla de voyager pendant quelque temps pour se distraire ; il suivit ce conseil et partit ; mais, hélas ! nous ne le revîmes plus… Je ne sais dans quel pays il mourut. Il aura sans doute succombé à une douleur insupportable. » Il est certain, on le verra, que Charlotte en sut davantage ; son laconisme est manifestement volontaire.