ses condisciples, comme il a boudé l’Académie d’Arras et ses confrères du Conseil d’Artois : « Sauvez la patrie sans moi », crie-t-il[1].
Il quitte le Comité, sans pourtant démissionner, car la crânerie n’est pas son genre ; sa ténacité demeure évasive et oblique ; il se confinera désormais au second étage des Tuileries[2], à ce bureau de police créé, en principe, pour surveiller les fonctionnaires, mais dont il a étendu les attributions, empiétant ainsi sur celles du Comité de sûreté générale. Saint-Just dirige ce bureau ; mais Saint-Just est en mission, et Robespierre ne dédaigne pas de le suppléer. D’abord, le travail lui plaît : aidé par les commissions populaires qui lui dressent des listes de suspects, il compulse, annote, confère avec l’agent national Payan et avec le maire de Paris, Lescot-Fleuriot, deux hommes tout à lui. Il reçoit Dumas, le président du Tribunal révolutionnaire, et l’accusateur public, Fouquier-Tinville ; tous sont empressés à lui plaire et ne le contredisent jamais. Un gendarme veille en permanence à la porte de son cabinet[3]. Les membres du Comité, qui ne le voient plus, savent « qu’il vit là-haut avec les membres du Tribunal[4] », et Carnot, auquel cette besogne répugne, déclare « qu’il ne signera plus aucune pièce émanée de ce Sanhédrin[5] », où personne ne se hasarde.
- ↑ Papiers de Lindet. Voir Robert Lindet, par Montier, 247, n.
- ↑ Baudot, Notes historiques, 183 à 185, au troisième étage, selon Barère, Mémoires, II, 208.
- ↑ Bégis, Curiosités révolutionnaires, Saint-Just et les bureaux de la police générale, 12.
- ↑ Troisième réponse des membres des anciens Comités…, 40.
- ↑ Mémoires sur Carnot, I, 534, et Notes historiques de Baudot, 25.