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de Robespierre on ne sait rien, sinon « qu’il était établi dans un local séparé, et que nul n’y mettait les pieds » ; il pouvait s’y rendre « sans rencontrer personne », et, les jours fréquents où son humeur n’était pas liante, « il affectait de traverser la salle du Comité après la levée de la séance[1] ». Sur l’intérieur de Billaud-Varenne on est mieux renseigné : le farouche démocrate dispose d’un « grand bureau en bois de rose, façon Boule, de six pieds de long, figures et encadrements de bronze, sabots, etc., le tout d’or moulu… ; d’un autre bureau d’acajou garni de bronzes dorés, d’un tapis de moquette bleue et blanche et d’un lit »…

Ah ! ces lits ! Leur description est éloquente : sept au moins des membres du Comité se sont installés à demeure dans le palais des rois, car c’est le nombre que fournit le garde-meuble de lits complets, « à quatre colonnes, garnis de leurs étoffes en damas cramoisi, bordées d’un galon de soie », ou « en fleuret rayé vert et blanc », avec « un sommier toile et crin, deux matelas de laine et futaine, traversin, lit de plume, deux couvertures de laine blanche », etc.[2] Le lit de Saint-Just, – qui, dans son projet d’Institutions civiles et morales pour l’éducation des jeunes citoyens, décrétait : « Ils couchent sur des nattes et dorment huit heures[3] », – le lit de Saint-Just devait être particulièrement élégant et douillet : est-ce pour celui-là qu’on réclamait, en nivôse, des draps fins, dit « draps de

  1. Mémoires sur Carnot, I, 539.
  2. Archives nationales, O2 453. « Pour le service du Comité de salut public, 22 ventôse an II. »
  3. Études révolutionnaires, Saint-Just et la Terreur, par Édouard Fleury, I, 213.