Êtes-vous sûr ? » Et, frémissant de colère, le visage en feu : « Des conspirations chimériques pour en cacher de réelles ! » ajouta-t-il ; et il passa. Ainsi prévenu, il décida de ne point paraître à la Convention, le 27, et céda le fauteuil à Bréard[1].
Cette séance fameuse débuta, comme toutes les autres, par une série de communications que bredouillèrent les secrétaires et que personne n’écoutait : « La société populaire de Rivesalte fait part qu’elle a célébré, dans le temple de Raison, une fête en l’honneur du général Dagobert… » Le « temple de la Raison » ! On retardait à Rivesalte. « La société populaire de Stenay, Meuse, envoie à la Convention nationale les détails de la fête célébrée dans cette commune à l’occasion de l’inauguration d’un temple à la Raison… » L’Être suprême, décidément, n’avait pas dans les provinces beaucoup d’adorateurs. « Le citoyen Dange Menonval, artiste du théâtre de Rouen, fait hommage d’un drame intitulé : Le Crime et la vertu, ou Admiral et Geffroi. » « L’agent national du district de Neuville, Loiret, fait hommage à la Convention d’un hymne qu’il a composé il y a dix ans[2]… » Telles étaient les broutilles quotidiennes de la Correspondance, qui se perdaient dans le bruit des conversations. Enfin,
- ↑ La plupart des historiens montrent Robespierre présidant ce jour-là l’Assemblée et, prisonnier de sa présidence, obligé de contenir son dépit en écoutant les pitreries de Vadier, soulignées par les rires de toute la Convention. Le Moniteur mentionne formellement : « Bréard occupe le fauteuil », et dans la minute originale du procès-verbal de la séance, les mots écrits d’avance Présidence de Maximilien Robespierre sont raturés d’un large trait de plume. Archives nationales, C. 304, plaquettes 1119, 1120.
- ↑ Archives nationales, C. 304, plaquettes 1119, 1120.