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où il a servi pendant trois ans. « Déserteur des drapeaux d’un tyran », il est arrivé à Paris, en 1790, « pour se joindre à ses frères et renverser le despotisme ». L’un des premiers, il prête le serment, et l’évêque constitutionnel Gobel accueille cette brebis galeuse parmi son clergé : l’abbé Théot est nommé vicaire à « Nicolas du Chardonnet », puis « à Roch » ; ainsi désigne-t-il lui-même les paroisses auxquelles il est successivement attaché. Comme l’abstention des fidèles lui procure des loisirs, il est envoyé en mission dans le département des Hautes-Alpes et chargé d’évaluer les pertes causées par la guerre aux habitants de Briançon. Six mois d’absence ; il rentre à Paris le lendemain de la Fête de l’Être suprême, muni d’éloquents certificats de civisme, diplômes de Jacobins et autres attestations dont il se fait gloire, quand, plein d’espoir en l’avenir, il est cueilli au débotté par les commissaires de la section de la Montagne, qui l’arrêtent « au presbytère de Roch » même, où il a sa chambre « dans le colidor du cinquième étage, donnant sur la rue ». On ne trouve chez lui ni Christ, ni autres objets « propices au fanatisme », mais seulement une règle du jeu de boston que les commissaires confisquent comme grimoire suspect. À peine en prison, l’abbé adresse de longs factums au Comité de sûreté, exaltant les services par lui rendus à la cause du peuple et piétinant sa vieille folle de tante. C’est à « cette fille » qu’il doit tous ses malheurs ; alors qu’il « végétait dans les ténèbres de la superstition », les démêlés de cette démente avec l’archevêque de Paris ont arrêté sa carrière ecclésiastique, et voilà que, régénéré, il