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Saint-Esprit en ivoire, châsses, bocaux contenant « des ci-devant Christ » et « divers sujets relatifs à la Passion » ; beaucoup de livres de prières ou de magie, tels que l’Enchiridion « au moyen duquel on voit le diable suivant les procédés envoyés d’Italie à Charlemagne » et les Clavicules de Salomon, ouvrage traduit de l’hébreu par le rabbin Aboguazar, dont Héron avait trouvé un exemplaire chez Catherine Théot et qui révélait, parmi bien d’autres folies, le moyen de préparer une épée invincible : « Prendre une épée toute neuve ; l’ayant lavée avec du vin dans lequel tu mettras un peu de sang de colombe tuée un lundi, à six heures du matin ; tu attendras jusqu’au mardi, même heure, que tu la prendras en ta main et diras ces mots avec beaucoup d’attention : « Ô Théos, agios, agios, agios, agios, agios, athanatos, alpha et oméga, les anges Cassiel, Sachiel, Samuël, Anaël, qu’ils me soient fidèles et obéissants… Tétragrammaton[1] » La superstition, a dit un philosophe, est la dernière foi des siècles incrédules.

Une autre arrestation livrera le 29 prairial, au Comité, un personnage d’un genre très différent, l’abbé Théot, neveu de la prophétesse et vicaire constitutionnel à Saint-Roch. C’est le type, – rare et peu séduisant, – de l’ecclésiastique révolutionnaire et qui, à ce titre, en prend à l’aise des obligations du sacerdoce. Mauvais prêtre dès avant 89, se voyant menacé d’une lettre de cachet, il a quitté la France et s’est engagé dans l’armée prussienne

  1. Sur l’affaire Ducy, Archives nationales, F7 477523, dossier Suttières ; 4685, dossier Ducy ; 4716, dossier Gauchat ; 477448, dossier Mollard, etc.