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dans la ridicule affaire de Catherine Théot et de le présenter comme un adepte de la Nouvelle Ève. Au vrai, la chose était très simple : comme sa section lui refusait une carte de sûreté sans laquelle on ne pouvait circuler dans Paris, Gerle était allé trouver Robespierre, perdu de vue depuis les jours lointains de la Constituante ; il lui exposa son embarras et, sans hésiter, l’Incorruptible lui remit le talisman précieux qui, depuis lors, assurait la sécurité du ci-devant moine, et qui, entre les mains de Vadier, allait le perdre. Gerle avait essayé de revoir Robespierre, espérant obtenir de lui une place de commis dans quelque bureau ; il se rendit souvent « à son audience de midi », mais ne put l’aborder que deux fois, et toujours « en présence de son perruquier et d’autres personnes ». À l’ordinaire, Maximilien « n’était pas visible, quoique ses affidés montassent à sa chambre sans se faire annoncer[1] ». Sans doute Gerle fournit-il ces explications, très plausibles, à Héron, mais celui-ci n’en tint nul compte et les garda pour lui et pour son patron Vadier, ainsi que le compromettant autographe, se contentant seulement d’obtenir de dom Gerle les noms de tous ceux qui avaient figuré dans le taudis de la prophétesse ou le salon de la duchesse de Bourbon, à Petit-Bourg, dont l’ex-chartreux, en sa qualité de demi-fou, était l’hôte bien accueilli. Il dit tout ce qu’il savait : certain de n’avoir jamais conspiré contre la République, il ne

  1. Mémoire pour dom Gerle : Ce mémoire dont Courtois, dans son rapport sur les papiers trouvés chez Robespierre avait reproduit quelques extraits pièce justificative LVII, p. 217 et s. – a été intégralement publié par la Revue rétrospective, 2e série, t. IV.