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lettres « n’ont de rapports qu’avec des idées spirituelles », et le policier prend note des billets doux et des commentaires du moine qui pourront fournir à Vadier des effets comiques. Puis il en vient aux pièces plus importantes ; quel est cet écrit sur lequel on lit : « Il paraît un homme châtain, en chapeau rond à haute forme, en habit gris souris, gilet rayé, bas et culottes noirs, visage moyen ?… » L’inculpé proteste qu’il l’ignore : la citoyenne Godefroy, chez qui loge Catherine Théot, lui aura remis ce papier « pour le lire ou le communiquer » et Gerle l’a gardé dans sa poche, le jugeant sans importance. Et cet autre qui, en termes énigmatiques, fait allusion à la secousse qui terrifiera Paris le jour où, à l’instant d’un coup d’éclair, la terre changera, où tous les dévots de la mère Catherine, préservés de la mort, ressusciteront pour ne plus mourir ? À quoi Gerle répondit que, « n’ayant point de foi à des visions de cette nature, il n’attachait aucun intérêt à ces rêveries[1] ».

Héron arrive enfin au « gros morceau », à la pièce capitale, si grave et si inespérée qu’il n’en fera pas mention dans son rapport : il vient de découvrir un écrit de Robespierre parmi les papiers de dom Gerle ! C’est une attestation de civisme, une sorte de laissez-passer, tel que bien peu de gens peuvent se flatter d’en posséder un pareil : « Je certifie que Gerle, mon collègue à l’Assemblée constituante, a marché dans les vrais principes de la Révolution et m’a toujours paru, quoique prêtre, bon patriote… » Voilà qui permettra d’impliquer l’Incorruptible

  1. Archives nationales, F7 477527. Rapport de Héron et Sénar en date du 29 floréal an II, sur les papiers saisis chez Gerle.