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quand Vadier, toujours gouailleur, essayait de remonter ses collègues en leur glissant à l’oreille des réflexions goguenardes touchant le grand miracle qu’il s’apprêtait à opérer, grâce au concours de la Mère de Dieu. Ses clins d’yeux malicieux, ses airs entendus, ses moues satisfaites et rassurantes, ses allusions aux sept sceaux du Saint-Esprit et aux sept dons de la Nouvelle Ève n’intriguaient plus personne et ses demi-confidences n’étaient pas mieux prises au sérieux que les « soixante années de vertu » dont il faisait parade.

Depuis le jour où Héron et Sénar s’étaient introduits chez Catherine Théot pour mettre en arrestation la visionnaire et ses fidèles, Vadier n’avait cessé de donner tous ses soins à l’étrange affaire. Les limiers du Comité de sûreté générale étaient en quête d’éléments qui permissent de la présenter comme une grande conspiration politique et, en même temps, comme une caricature du culte instauré par Robespierre. Héron et Sénar dirigeaient les recherches : d’abord ils se transportèrent, en vue de perquisition, 6, rue des Postes, chez l’ex-chartreux dom Gerle qui, tiré de sa prison pour la circonstance, les attendait sous la garde de plusieurs sans-culottes. Tous ses papiers furent soigneusement visités ; sur ceux qui paraissaient suspects Héron l’invitait à fournir des éclaircissements : humiliante conjoncture pour un prêtre dévoyé qui ne peut avoir oublié le temps de foi lumineuse où il régnait sur une abbaye célèbre et que deux policiers ironiques et brutaux confrontent maintenant avec les témoignages écrits de ses dégradantes aberrations ;