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Couthon, de sa voix douce, formulait des axiomes tels que ceux-ci : « Quelques vérités simples, disait-il ; – l’indulgence envers les satellites de la tyrannie est atroce ; la clémence est parricide… ; – le délai pour punir les ennemis de la patrie ne doit être que le temps de les reconnaître ; il s’agit moins de les châtier que de les anéantir » ; et, du ton conciliant d’un homme qui réclame seulement de légères modifications à un état de choses défectueux dont l’expérience a constaté les abus, il donna tranquillement lecture d’un projet de décret dont les vingt-deux articles tombaient, comme autant de coups de couperet, sur l’Assemblée muette, glacée d’effroi, terrifiée de ce qu’elle entendait : le Tribunal révolutionnaire renforcé ; quatre sections au lieu de deux ; suppression des « formalités » telles que l’enquête préalable, l’interrogatoire à l’audience, l’audition des témoins, la défense ; une seule peine : la mort ; la mort sur la simple constatation de l’identité ; obligation à tout citoyen de dénoncer les suspects. – Qui sont les suspects ? « Ceux qui auront cherché à dissoudre ou avilir la Convention nationale ; ceux qui auront abusé des principes de la Révolution ; ceux qui auront répandu de fausses nouvelles, égaré l’opinion, empêché l’instruction du peuple, dépravé les mœurs, corrompu la conscience publique ; enfin ceux qui, par quelque moyen que ce soit, attenteront à la liberté, à l’unité, à la sûreté de la République ou auront retardé son affermissement… » Tout le monde ! Et Couthon proclamait la liste des hommes chargés de la sommaire et sanglante besogne : cinq substituts, douze juges et cinquante jurés, parmi