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faire que d’installer, sur l’autel élevé à la nouvelle divinité, un bénitier[1], et, à Paris même, certains imaginèrent que la Révolution était terminée ; les poissardes se transportèrent à Châtillon avec des bouquets qu’elles présentaient aux ex-nobles, suivant l’antique usage de la Halle, en leur disant : « Mon cœur, mon roi, il faut que je t’embrasse », et en les félicitant de la protection accordée par l’Être suprême à Robespierre[2]. Celui-ci n’avait-il pas eu l’idée, pour le moins saugrenue, de tirer l’évêque constitutionnel Le Coz des prisons du Mont-Saint-Michel et de le convoquer à Paris pour lui donner un rôle dans la cérémonie païenne du Champ de Mars[3] ? Ces symptômes et bien d’autres inquiétaient la majeure partie de la Convention, lasse de porter le joug de ce collègue, qui, avec une accaparante sournoiserie, avait su prendre insensiblement une importance injustifiée, que consacrait, aux yeux de la France et de l’Europe, l’éclat de la Fête récente.

Sa réputation est, en effet, universelle : à Londres, au-delà du Rhin, on dit : « les armées de Robespierre, la politique de Robespierre[4] ». Il est, pour l’étranger, la personnification de la Révolution française ; ses collègues du gouvernement sont à peine regardés comme de simples ministres. Qu’a-t-il donc fait pour acquérir ce prestige illusoire ?

  1. Archives nationales, F7 3821, 4e cahier. La municipalité de Charonne protestait contre cette calomnie et demandait qu’on en recherchât les auteurs.
  2. Archives nationales, F7 3821, 3e cahier.
  3. V. sur ce point Aulard, 302, 303 n. Le Coz était emprisonné par ordre de Carrier depuis le mois d’octobre 1793.
  4. Moniteur, réimpression, XX, 581, 582.