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IV

LA REVANCHE DE ROBESPIERRE

Ses collègues de la Convention refusant d’être ses thuriféraires, Robespierre cependant n’était pas privé d’encens. Son courrier quotidien lui en apportait des bouffées de tous les points de France : encens de qualité inférieure, mais dont il se grisait pourtant, car il conservait ces fadaises, émanées de naïfs, sinon de mystificateurs dont les coups d’encensoir étaient assénés sans délicatesse : « Admirable Robespierre, flambeau, colonne, pierre angulaire de l’édifice de la République française, salut[1] !… » « La couronne, le triomphe, vous sont dus et ils vous seront déférés, en attendant que l’encens civique fume devant l’autel que nous vous élèverons un jour[2]… » Un correspondant le compare « à un aigle qui plane dans les cieux » ; un autre adopte dévotieusement la forme des litanies : – « Montagnard éclairé, génie incomparable, protecteur des patriotes, qui voit tout, prévoit tout, déjoue tout… » Des parents que la nature a gratifiés d’un fils avisent l’Incorruptible qu’ils ont osé charger le nouveau-né

  1. Papiers inédits, II, 127.
  2. Idem, 119.