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dans la patache et allaient passer la journée à Choisy. On dînait chez l’oncle Jean-Pierre, qui possédait maison confortable, jardin et basse-cour[1] ; on faisait visite à la tante Duchange, qui ne sortait pas de chez elle, étant paralysée depuis plusieurs années[2], et on se promenait dans les délicieux jardins du château, en terrasse au bord de la Seine. Les deux beaux-frères, Duplay et Vaugeois, étaient très unis : même honorabilité, même réussite, même satisfaction du devoir accompli ; nés tous deux d’humbles ouvriers, ils s’étaient élevés à force de travail et pouvaient, non sans orgueil, se flatter que leurs filles feraient de bons mariages, et que leurs fils seraient des bourgeois.

La maison qu’occupait Duplay, rue Saint-Honoré, appartenait aux religieuses de la Conception ; elle était située en face de l’Assomption, très proche du Manège des Tuileries, où l’Assemblée nationale s’installa, au mois d’octobre 1789, et ce voisinage donnait à ce coin de Paris une animation extraordinaire. Quelques semaines plus tard, les Pères Jacobins, dont le monastère se trouvait un peu plus bas dans la même rue, offrirent un local de leur couvent à MM. les députés pour s’y réunir le soir et y causer de leurs affaires, et ceci encore contribuait au renom révolutionnaire du quartier. Les clubs étaient en grande vogue ; cette innovation faisait fureur ; mais la réputation de celui qui siégeait aux Jacobins éclipsa bientôt tous les autres. Après moins d’un an d’existence, il comptait plus

  1. Archives nationales, T 14942. Registre du Comité révolutionnaire de Choisy.
  2. Archives nationales, F7 477541.