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libre, sur un grand tapis neuf aux couleurs bleue, blanche et rouge[1], son fauteuil, à lui, posé sur un marchepied[2], son trône. Au sommet du dôme central du palais, que coiffait un énorme bonnet phrygien tricolore monté sur une carcasse de fer, une oriflamme de dix mètres de long balançait dans l’azur les couleurs de la République victorieuse[3].

Maximilien pénètre dans le palais, encore vide à cette heure matinale, et pousse jusqu’à la salle de la Liberté, antichambre de la Convention. Là il rencontre Sempronius Gracchus, sans-culotte, petit-maître de vingt-six ans. De son vrai nom Joachim Vilate, né de bourgeois provinciaux, entré jeune dans les ordres, il s’est défroqué dès 1792, pris d’une ivresse révolutionnaire et poussé par « l’enthousiasme du beau et de la vertu ». À Paris où il est arrivé avec, pour tout bagage, une forte instruction classique, il a fait rapidement son chemin. Il a « le cœur tendre », une jolie figure, des manières distinguées et le talent de s’insinuer. Barère l’a pris en affection et l’a mis en rapport avec Robespierre. Vilate sert à tous deux « d’informateur », – on peut lire : d’espion ; – aussi deviendra-t-il bientôt suspect à l’un et à l’autre. En attendant qu’on lui

  1. Archives nationales, O2 453. – « Garde-meuble. Service de la Fête de l’Être suprême. Fourni un tapis neuf aux trois couleurs, rouge, bleu et blanc, de 3 lez de serge cousus ensemble sur dix-huit pieds de long chaque. »
  2. Archives nationales, F4 2091. – « Mémoire du citoyen Bouillé, menuisier : – « Sur le devant de l’amphithéâtre, le marchepied pour le président. »
  3. Archives nationales, F13 2782 : – « Un bonnet de forme phrygienne en serge écarlate, bleue et blanche ; le bonnet de six pieds d’élévation et de huit de circonférence, le tout ajusté sur une carcasse de fer qu’il a fallu recouvrir de toile. »