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départementaux : l’hiver précédent, par exemple, les sans-culottes de Montmédy avaient organisé, pour célébrer la reprise de Toulon, une cavalcade où l’on voyait un char portant la Fécondité : « Elle est représentée, d’après le compte rendu, par une jeune femme qui allaite son enfant ; autour d’elle on voit sauter plusieurs autres petits qui sourient à leur mère. » Suivait un autre char, funèbre celui-ci, « ombragé de noirs cyprès ». Il portait un tombeau surmonté d’une pyramide : « Une beauté touchante, dans un costume négligé, les cheveux épars et gardant l’attitude de la douleur, s’appuie sur la tombe qu’elle arrose de ses larmes. » Cette beauté touchante figurait « la veuve du citoyen Beauvais, représentant du peuple, massacré par les Anglais à Toulon ». Or, Montmédy apprit, – après la fête, – que Beauvais n’était pas mort et qu’il était veuf ! Cette fête présentait, au reste, des attractions plus marquantes encore : entre autres l’assaut et la prise d’une ville rebelle par les patriotes : « Les murailles sont escaladées ; l’ennemi est mis en fuite ; la ville est livrée aux flammes ; la vengeance nationale s’exerce ; l’infâme Pitt est amené par les Anglais eux-mêmes qui abjurent leurs erreurs et demandent l’alliance ; un bûcher s’élève, le J… F… est grillé… » Le personnage de Pitt, rôle sacrifié, était distribué sans doute à quelque aristocrate. La fête se terminait par la danse de la Carmagnole et « les plus douces étreintes[1] ».

  1. Archives nationales, F14 I, 84. Le même carton contient d’autres relations de fêtes célébrées en province, à Lunéville, à Orgelet, à Montfort-le-Brutus (l’Amaury), à Montluçon, à Neauphle-la-Montagne (Neauphle-le-Château), etc.