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l’embrasser et le conduire à la tribune présidentielle[1] en déclarant que « la Révolution n’est plus que la pratique constante et journalière des vertus austères et fécondes », l’attendrissement des députés sera tel qu’ils admettront Geffroy parmi eux et le feront asseoir au sommet de la Montagne, aux clameurs d’allégresse de toute l’assistance[2].

Dans cette affaire, Robespierre se trouvait le plus atteint. Le 4 prairial, jour de l’attentat, Taschereau dînait à la table des Duplay[3], Taschereau qui, on l’a dit, habitait le second étage de la maison de la rue Favart, théâtre du crime. Robespierre fut donc parfaitement informé des moindres péripéties du drame ; il put juger combien les ovations des Conventionnels, combien leur émoi, évidemment factice, étaient en disproportion avec la réalité des faits. Sa nature soupçonneuse et jalouse devait s’inquiéter de ces pantalonnades ; il y avait là une intrigue dirigée contre lui. En quoi il voyait juste, probablement. À l’heure où il est près d’atteindre au pinacle, quand sa popularité le désigne comme l’homme indispensable, unique, voilà que toute l’attention, tout l’intérêt du pays se détournent sur cet histrion de Collot qu’il abhorre et dont il se méfie depuis longtemps. Dans douze jours la Convention doit renouveler son bureau : nul doute qu’elle va élire pour président la « victime » d’Admiral : c’est donc Collot qui, en cette qualité, recueillera tout l’honneur de la Fête prochaine dont

  1. Moniteur, réimpression, XXI, 84.
  2. Le discours de Collot est à lire, Moniteur, réimpression, XXI, 85.
  3. Vadier président du Comité de sûreté générale, par A. Tournier, 158, n.