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second coup au hasard, et remonte comme un fou s’enfermer dans sa chambre. La servante épouvantée a ouvert une fenêtre et clame à la garde. En un instant, la maison est pleine de gens ; toute une patrouille armée de piques qui satisfaisait, sous les péristyles du théâtre voisin, « aux nécessités de la nature » accourt en tumulte et se bouscule dans l’escalier ; un citoyen en chemise, jambes nues, la commande : c’est Bertrand Arnaud, membre de la Commune ; il habite, lui aussi, la maison ; il s’est jeté en bas de son lit et n’a pris que le temps de passer sur son simple costume son ruban de municipal. On monte au cinquième étage, à l’assaut du logis de l’assassin qui s’est barricadé chez lui ; tout à coup sa porte s’entr’ouvre : un nouveau coup de feu retenti, un des assaillants est blessé : c’est « le brave et trop heureux Geffroy », un serrurier de la section. On se précipite, le meurtrier est saisi et traîné triomphalement au poste[1]. Tel fut le thème du récit de Barère : il l’agrémenta de tous les ornements oratoires que lui fournit sa faconde habituelle : « Le crime et l’assassinat veillaient à la porte de ce temple des lois ! » – « Ils habitent sous le même toit que les représentants du peuple, pour porter des coups plus assurés. » – « Il faut de nouvelles victimes aux héritiers impies des Capet… Qu’on empoisonne, qu’on assassine, est la réponse des tyrans coalisés. » – « Le gouvernement anglais a vomi parmi nous la trahison et la guerre, entouré la Convention nationale d’assassins… » Et Couthon,

  1. Archives nationales, W 389 et F7 4762. Interrogatoire d’Admiral, différent sur certains points du rapport de Barère à la Convention. Moniteur, réimpression, XX, 539 et s.