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et, le 3 au matin, parti de chez lui, 4, rue Favart, il a gagné par les boulevards la maison Duplay ; il s’informe près d’une laitière, qui lui conseille de s’adresser aux gens de la menuiserie. Entré dans la cour, il y trouve un volontaire portant le bras en écharpe, et une citoyenne. Tous deux l’assurent que Robespierre, très occupé, ne peut recevoir. Dépité, l’assassin déjeune chez Roulot, au bout de la terrasse des Feuillants, où il dépense quinze francs, puis se dirige vers les Tuileries, entre à la Convention et prend place dans l’une des tribunes publiques. Un discours de Cambon l’endort profondément, et il ne se réveille qu’à la fin de la séance. Il rôde quelque temps dans les anti-salles de l’Assemblée ; Robespierre ne paraît pas. Alors, Admiral traîne de café en café jusqu’au soir, fait une partie de dames avec un jeune homme, soupe chez le traiteur Dufils, rue Favart, et rentre chez lui à onze heures du soir. Il a réfléchi que Collot d’Herbois habite dans sa maison : à quoi bon perdre son temps à la poursuite d’un député introuvable, quand on en a un autre sous la main ? Il remonte donc à son cinquième étage, vérifie ses armes et guette le moment propice.

À une heure on frappe à la porte de la rue : c’est Collot qui rentre ; Admiral se penche sur la rampe, aperçoit la servante du député qui, portant une chandelle allumée, sort du troisième et descend pour ouvrir à son maître. Alors il bondit dans l’escalier qu’il dévale quatre à quatre, en furieux, se heurte à Collot près d’atteindre sa porte : « Arrête là ! Voici ta dernière heure ! » crie-t-il. Son premier pistolet fait long feu ; il lâche son