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quoi « on ne s’y retrouvera plus ». Quant à Baudement, membre, lui aussi, de la Commission populaire, c’est un jardinier de Thiais qui a travaillé pour Pierre Vaugeois… Il se vante d’avoir déjeuné « avec son ami Robespierre » et, plus ferme patriote que son compère Laviron, déclare qu’on ne s’en tirera pas à moins de 70.000 têtes[1]. Auzat, le gendre de Duplay, simple « homme de loi » à Issoire, devient directeur des transports militaires [2] ; afin d’ôter à cette nomination toute apparence de favoritisme, le Comité de salut public s’informe des aptitudes d’Auzat, et, pour être bien renseigné, il s’adresse à l’imprimeur Nicolas [3]… Ça se passe entre amis ; – le savetier Calandini fera, lui aussi, son chemin, – et rapidement ; comme, avant de s’adonner aux ressemelages, il a été soldat au régiment corse, on lui décerne un grade dans les troupes de la République : il est, en l’an II, adjudant général, chef de la troisième division de l’armée du Nord [4].

On voudrait décrire l’aspect des soirées de madame Duplay, quand ces amis de l’Incorruptible, – et d’autres aussi copieusement nantis, car il serait facile d’allonger la liste, – sont réunis dans le petit salon de la rue Saint-Honoré après leur journée de travail. Ils arrivent de la Commune, de la Commission populaire, de l’odieux Tribunal : ils ont employé leur temps à dresser des listes de suspects, à marquer des malheureux pour la déportation

  1. Archives nationales, W1a 79 et 80.
  2. Archives nationales,W1a 79.
  3. Répertoire Tuetey, IX, 1347.
  4. Archives nationales, W1a 79.