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dit-on, dans l’étroit réduit qui précède la chambre de Maximilien[1].

Élisabeth Duplay a consigné, avec une complaisance attendrie, l’emploi des soirées chez ses parents en cet heureux temps de la Terreur qu’elle devait regretter toute la vie. Robespierre lisait à haute voix quelque tragédie de Racine ou de Corneille, quelque chapitre de Voltaire ou de Rousseau[2]. On rapporte aussi que, à certains jours, quand la société était plus nombreuse, Buonarotti, musicien de profession, se mettait au clavecin après le dîner ; Le Bas chantait une romance ou prenait son violon dont il jouait agréablement. Ces réjouissances artistiques devaient être rares, car, ce que l’on n’aperçoit pas, c’est un instant de loisir dans la vie si pleine de Robespierre. Comment suffisait-il à toutes ses obligations ? Cinq ou six heures de la journée à la Convention ; la séance des Jacobins prolongée, la plupart du temps, jusqu’à onze

  1. Guffroy, Les Secrets de Joseph Lebon, 416. Quoique Guffroy soit suspect à bien des titres, on peut ajouter foi, malgré son hostilité manifeste, aux quelques détails intimes qu’il fournit sur la vie de Robespierre chez Duplay, détails dont il était instruit par Charlotte Robespierre, non moins acrimonieuse, d’ailleurs, mais bien informée. Antoine-Jean Calandini, – ou Calendiny, – ci-devant soldat au régiment corse, âgé de trente et un ans en 1787, date de son mariage à Arras, où il était cordonnier. Il semble avoir quitté Arras en 1791 – car, à partir de cette date, il ne figure sur aucun contrôle. Sans doute suivit-il Robespierre à Paris, après le voyage de celui-ci en Artois, à l’automne de 1791. Renseignements obligeamment fournis par M. Lennel, docteur ès lettres, bibliothécaire adjoint à la Bibliothèque municipale d’Arras. – Calandini avait en 1787 obtenu son congé absolu et quitté l’armée. Il y rentra comme lieutenant, le 27 décembre 1792, sur la recommandation de Robespierre. Ses états de service portent qu’il fut « aide de camp de l’insurrection du 31 mai 1793 par le peuple souverain de Paris ». Archives du ministère de la Guerre.
  2. Récit de madame Le Bas, Stéphane Pol.