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Les curieux se portaient surtout au Champ de Mars des nuées d’ouvriers travaillaient à élever une montagne symbolique ; – on sait que la Montagne, en jargon parlementaire, désignait le côté de l’Assemblée où siégeait Robespierre. Entreprise ardue, car, pour ne point paraître mesquin au milieu de l’immense espace, ce monticule allait atteindre des proportions d’autant plus considérables que, à son sommet, devait trouver place toute la Convention, et aussi les musiciens, les choristes, les porte-drapeaux des sections armées et bien d’autres. On y verrait aussi une colonne de 50 pieds de haut, une grotte, des sentiers abrupts, un chêne à peu près séculaire, des candélabres-torchères, quatre tombeaux étrusques, une pyramide, un sarcophage, un autel antique, un temple dont vingt colonnes supporteraient la frise. Le décorateur paysagiste Houët assuma ce formidable labeur ; il lui fallait tout créer en moins d’un mois, sauf quelques accessoires détériorés qu’il empruntait aux ruines de l’autel de la Patrie, abandonné là depuis la sanglante échauffourée du 17 juillet 1791. Maçons, charroyeurs, charpentiers, gâcheurs, scieurs de long, terrassiers, artistes de tous genres, furent mobilisés en hâte et, au bout de quelques jours, la montagne se dessinait déjà, imposante et pittoresque. Un seul article du mémoire de l’entrepreneur donnera une idée de l’importance du travail : on y employa pour plus de 13.000 francs de chevilles et de clous ! Mais on ne regardait pas à la dépense ; David veillait à tout ; son ami Robespierre, il le

    v. Archives nationales, F4 2090, mémoire de Ruggieri, F4 1017 et 2091, mémoires du serrurier Courbin et autres.