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les artistes, les chœurs et l’orchestre de l’Opéra[1]. La décoration du grand bassin voisin du palais se dessinait avec plus d’hésitation et intriguait davantage les badauds. On recouvrit d’abord ce bassin d’un solide plancher qui en épousait exactement la forme circulaire ; au milieu de ce parquet, on dressa une sorte de croix formée de deux barres de fer dont on modifia plusieurs fois la disposition : c’était l’armature d’une colossale statue de la Sagesse que le sculpteur Pasquier édifiait à grand renfort de plâtras, d’étoupes et de ciment. Cette Sagesse de camelote devait apparaître subitement au cours de la Fête lorsque tomberait en poussière une autre statue représentant l’Athéisme, de construction plus légère et qui, en attendant ce tour de passe-passe, allait dissimuler complètement la Sagesse sous les amples plis de sa robe. On juge que les choses n’allaient pas sans tintouin et que l’on dut tâtonner ; quel que fût le talent du citoyen Chaudet, chargé de la besogne, le problème était embarrassant d’improviser une effigie de dimensions imposantes, en toile gommée enduite de soufre, et dont l’attitude et les attributs symboliseraient l’Athéisme, au point que personne ne pût s’y tromper. L’artificier Ruggieri, qui assistait Chaudet dans ce travail délicat, écrivait la Théisme, ce qui laisse supposer qu’il n’était pas très renseigné sur le genre d’emblèmes dont il convenait d’agrémenter cette image[2].

  1. Sur la construction de cet amphithéâtre, v. l’énorme mémoire de La Frèche, entrepreneur de charpente, rue Richer, Archives nationales, F4 2091, et le mémoire de Lathuile, entrepreneur de bâtiments, Archives nationales, F4 2090.
  2. Sur la confection des statues de la Sagesse et de l’Athéisme,