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avec eux[1]. » Sans cesse on devine des prêtres dans l’entourage de Maximilien ; durant la Constituante, il entretient des relations intimes avec son collègue et compatriote, l’abbé Michaud, curé de Boury-en-Artois[2] ; à la même époque, il « conserve d’excellents rapports avec des chanoines du chapitre de Paris… et quelquefois il va dîner avec eux[3] ». Avant le 10 août, c’est « un abbé de ses amis » qui circonvient de sa part les hommes politiques en vue et les invite à se grouper[4]. Prêtres renégats et tarés, dira-t-on, et d’autant plus hostiles au clergé orthodoxe que celui-ci les considère comme des déserteurs. Il serait injuste de généraliser, car nombre d’ecclésiastiques « jureurs » conservaient dans l’erreur la foi ardente et les vertus de leur premier état. Du reste, la protection de l’Incorruptible s’étendait sur d’autres : témoin le saint abbé Émery, le plus militant des insermentés, qui, détenu à la Conciergerie, pendant la Terreur, continuait à y exercer clandestinement son ministère et fut soustrait à l’échafaud grâce au dévouement de madame de Villette, la nièce de Voltaire, aux démarches d’une tante de Fouquier-Tinville, l’accusateur public, et surtout à la mystérieuse intervention de Robespierre[5]

  1. Lettre de Rousseau au Corse Butta-Foco. Lemaître, Rousseau, 269.
  2. Deramecourt, Le Clergé du diocèse d’Arras pendant la Révolution, III, 143, et Annales révolutionnaires, 1912, p. 325. Article de M. É. Lesueur, Robespierre et Ch. Michaud, curé de Boury.
  3. Hamel, Histoire de Robespierre, I, 514.
  4. Mémoires de Barbaroux, édition Dauban, 358 – « Un abbé de ses amis, couvert de guenilles et que j’ai vu depuis juge au Tribunal révolutionnaire, vint me prier de passer à la mairie », etc., etc.
  5. Chanoine Pisani, L’Église de Paris et la Révolution, II, 19, 20.