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à clef, est enfoncée à coups de crosses et les troupes de Héron envahissent l’étroit logement de la Mère de Dieu.

Tout de suite, les interrogatoires commencent : aucun des fidèles de Catherine ne renie sa foi ; tous s’offrent en holocauste pour cette cause ridicule, avec autant de sérénité et de vaillance que les premiers chrétiens confessant le vrai Dieu. Héron et Sénar apprennent là bien des choses dont Vadier fera son profit. Catherine Théot, questionnée la première, affirme « qu’elle entend Dieu lorsqu’il parle, mais sans le voir… C’est à elle que les armées obéissent… ; elle est la Mère de toutes les nations, qui l’appellent bienheureuse… » ; il vient chez elle beaucoup de citoyens et de militaires, « surtout de ceux qui partent pour la guerre » ; il en est même arrivé un « de cent lieues, de Lyon, qui l’a cherchée partout dans Paris » ; il n’aurait pas rejoint l’armée sans la voir…, car ceux qui reçoivent les signes « sont assurés de ne pas être blessés et jouiront de l’immortalité de l’âme et du corps ». Elle cite, entre autres, le nommé Pécheloche, officier supérieur, actuellement à l’armée du côté de Dunkerque[1].

La veuve Godefroid avoue qu’elle connaît la Mère et demeure avec elle depuis plus de quinze ans et « elle croit intimement tout ce que Dieu lui inspire » ; la fille Mamie, ouvrière en linge, atteste que « plus des trois quarts des habitants de Paris sont des adeptes de Catherine », la jolie fille qu’on

  1. Pécheloche, – ou Pescheloche, – aide de camp de La Fayette en 1790, mourut à Austerlitz, colonel du 15e dragons. Archives de la Guerre.