Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle a remarqué un homme de mauvaise mine en observation chez la concierge. – « Nous sommes trahis ! » crie dom Gerle. Émoi général, les sœurs se bousculent vers la porte : quelques-unes se jettent sur Sénar ; l’Éclaireuse s’efforce de calmer ses compagnes : « Ne tuons personne ; expliquons-nous ! » Gerle cherche à s’esquiver à la faveur du tumulte ; Héron lui barre la route, et l’ex-chartreux, comprenant qu’il n’y a pas à lutter, revient s’asseoir aux côtés de la Mère de Dieu qui assiste, hébétée, à ce désarroi. Même, la première alerte passée, il fait bonne contenance : « Mes sœurs, dit-il, imposant silence aux fidèles affolées, il s’est glissé parmi nous de faux frères : c’est un moment favorable pour que nos principes soient connus ; du reste, il fallait toujours en venir là. »

La scène qui suivit ne fut pas sans grandeur : ces pauvres femmes que la peur de mourir amenait là où l’immortalité leur était promise, voyant arrivée l’heure du martyre, se sacrifièrent courageusement. Peut-être leur foi aux promesses de la Mère était-elle si vive que, même aux prises avec les recruteurs de l’échafaud, elles se croyaient invulnérables, serrées autour de leur idole, elles puisaient à son contact une sorte d’héroïsme. Gerle, de sa large prestance, dominait le groupe, anathémisant les faux frères et bravant les persécuteurs. Les quatre espions du Comité, Héron, Sénar, Martin et Jaton tiennent tête à son délire apocalyptique ; enfin, Sénar ouvre la fenêtre, jette un cri d’appel : en un instant, la rue, le couloir de la maison, l’escalier sont pleins de soldats et de policiers ; la porte que, dans sa terreur, l’une des dévotes a fermée