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malheurs finissent… Dieu s’est caché ; mais il s’est abaissé vers notre Mère pour se placer en elle. C’est elle, Mère et Fille de Dieu, qui doit gouverner l’Univers ; nous allons tous rajeunir après la résurrection. » Il allait poursuivre, quand un nouveau venu parut sur le seuil ; Héron, dont l’attention était en éveil, tourna vers lui les yeux et reconnut Jaton, l’un de ses hommes, qu’il avait posté dans la rue avec ordre de l’avertir, s’il survenait quelque incident. Jaton, on s’en souvient, était celui des agents du Comité de sûreté qui, le premier, avait pénétré chez la Mère de Dieu pour être initié à ses mystères. Il s’avança au milieu du cercle, s’inclina devant la vieille, reçut d’elle, en habitué, les sept baisers et sollicita l’autorisation de lui présenter un prosélyte. Catherine inclina la tête en manière d’assentiment, et tous les frères et sœurs consultés acquiescèrent. Seul, l’homme à la perruque s’agitait, visiblement inquiet, et témoignait peu d’empressement à recevoir la nouvelle recrue. Le prosélyte, qui n’était autre que Martin, agent, lui aussi, de Héron, se tenait discrètement à la porte, attendant qu’on fixât son sort. Plaidant sa cause, il s’informa de l’opposant s’il était le président de la réunion. Une sorte de discussion s’en suivit. – « Il n’y a pas ici de président, riposta l’autre, que cet incident semblait émouvoir ; nous sommes tous égaux auprès de la Mère de Dieu. » La voix grêle de celle-ci ajouta : « Il est un de mes fils choisis de la part de Dieu. » Et, pour couper court à l’embarras général, elle invita la Colombe à chanter un second cantique : celle-ci ne se fit pas prier ; mais elle réclama un verre de vin et un biscuit, « afin de se