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à la cérémonie ; après le repas, qui fut court, on essuya de nouveau le visage et les lèvres de la Mère qui, prenant enfin la parole, prononça ces mots : « Enfants de Dieu, votre Mère est au milieu de vous ; je vais purifier les deux profanes. »

C’est pour Sénar le moment d’entrer en scène. L’Éclaireuse s’approche de lui, le débarrasse de son chapeau et lui demande « s’il veut la lumière ». Il répond affirmativement : « Savez-vous lire ? – Un peu. » Elle lui prend la main, le conduit à Catherine devant laquelle il s’agenouille. – « Je dois, mon fils, vous admettre, dit la vieille ; joignez les mains. » Il obéit, tandis que l’Éclaireuse lui souffle à l’oreille : « Vous allez recevoir les sept dons de Dieu. » Elle passe derrière lui et lui saisit la tête qu’elle maintient fortement. Sénar, un peu inquiet, les yeux à demi clos, attend, et, tout à coup, il sent les lèvres de la Mère se poser sur son front, sur ses paupières, derrière son oreille droite, sur sa joue gauche et deux fois sur son menton ; puis les doigts tremblants tracent une croix sur son front… – « À votre tour », fait l’Éclaireuse, Sénar s’exécute et rend à Catherine penchée vers lui les baisers, en esquivant néanmoins celui derrière l’oreille. Mais l’impitoyable assistante reprend : « Fils et Mère, baisez-vous sur la bouche. » Sénar se soumet héroïquement à cette dernière épreuve[1], la Mère, lui faisant signe de se relever, conclut : « Mon fils, vous êtes reçu. »

Il regagne son siège et, tour à tour, Héron et les fidèles vinrent s’agenouiller devant la prophétesse

  1. « Elle me passa sur les lèvres une langue dégoûtante. » Mémoires de Sénar.