Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

« la Mère de Dieu », ou les catéchumènes désireux d’être initiés. Jaton parvint à pénétrer dans le sanctuaire et indiqua à Héron la façon de s’y introduire[1].

Le vendredi 6 mai, Héron se dirigea donc de grand matin vers le Panthéon. Il dissimulait sous une longue houppelande son arsenal portatif ; le fidèle et craintif Pillé l’accompagnait. Arrivés rue Contrescarpe, ils repérèrent la maison qui leur avait été indiquée : c’était une très haute bâtisse à six étages, située à peu près à l’angle de la rue Sainte-Geneviève, près de la petite place de Fourcy. Laissant Pillé en observation dans la rue, Héron entra dans la maison, monta l’escalier et sonna à l’une des deux portes qui se faisaient face sur le palier du troisième étage. Une femme âgée vint ouvrir la porte ; Héron, l’air confit et les yeux baissés, demanda « la citoyenne Godefroid ». Comme la femme hésitait à lui livrer passage, il soupira qu’il était « un frère cherchant la lumière ». « Entrez, frère », répondit la femme. Héron pénétra dans une pièce éclairée de deux fenêtres sur la rue. Il était chez la Mère de Dieu.

On n’a pas le récit de sa visite ; peut-être craignait-il de compromettre sa dignité en relatant les momeries fort ridicules auxquelles il dut se prêter pour soutenir son rôle de catéchumène. Au reste, son « initiation » fut remise au lendemain ; il promit d’être exact et d’amener un autre prosélyte

  1. – … « les commissaires du Comité n’ont pu s’y introduire que l’un après l’autre et comme récipiendaires. » Rapport et projets de décret présentés à la Convention nationale au nom des Comités de sûreté générale et de salut public, par Vadier. Séance du 27 prairial an II. Imprimé par ordre de la Convention, p. 19.