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demandait et qu’il fallait que je retourne d’où je venais, dans le plus grand monde qu’il y a dans Paris et que je serais toute la joie d’Israël… et que je délivre son peuple des ruses de Satan. »

La malheureuse, l’esprit déjà troublé, revint donc à Paris, non point pour y fréquenter « dans le plus grand monde », mais pour entrer comme servante chez un faïencier, puis chez un sieur Albot, plombier de la ville[1]. On la trouve ensuite faisant les ménages au couvent des Miramionnes qui hébergent des pensionnaires, et c’est alors qu’elle se met à divaguer : – « Dieu m’a inspiré d’aller sur le pont Notre-Dame, à la Rose-Blanche, chez un marchand où je trouverais des instruments de pénitence. On m’a ouvert une armoire qui en était remplie… Dieu m’a inspiré le cilice de crin et la ceinture de fer avec ses « picquais » pour me ceindre les reins. Quelque temps après, il m’a inspiré de prendre le bracelet et les jarretières de fer « avec ses picquais… » et de porter la chemise de crin et la haire… Je m’étais rendue si familière avec toutes ces pénitences-là que je couchais avec… J’avais de l’ouvrage que je ne pouvais faire dans la journée ; il fallait que je passe une partie des nuits, je n’avais pas le temps de prendre mes repas assise, et, pendant dix-huit ans, je n’ai pas manqué la messe de cinq heures, hiver et été, excepté le Vendredi saint[2]. » Elle se procure encore « la croix de fer avec ses picquais », qui a un demi-pied de long et « se couche dessus, se prosternant par terre plusieurs fois par jour ». Ce qui est moins édifiant,

  1. Archives nationales, F7 477527.
  2. Papiers saisis chez Chaumette. Archives nationales, T 604-605.