Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
BOISHARDY

dont seront victimes tant de braves gens persuadés qu’il est le fidèle porte-parole de Puisaye, et ne pouvant se douter que celui-ci, bien loin de préconiser la réconciliation, poursuit ardemment sa politique belliqueuse.

C’était à Cormatin maintenant d’entrer en scène et d’assumer le premier rôle : il s’était engagé, on l’a vu, à obtenir de tous les chefs royalistes de Bretagne, du Maine, de la Normandie et de l’Anjou l’assentiment du traité signé par Charette. Or, la tâche se présentait rude. Bon nombre de ces chefs ne connaissaient pas Cormatin, même de nom ; la plupart étaient bien résolus à ne pas déposer les armes et aucun n’avait autorisé quiconque à parler en son nom. Ceci n’effrayait pas l’insouciant major général : il était de ces hommes pour qui la confiance en leur propre aplomb tient lieu de méthode et il imaginait que, en déclarant la pacification irrévocable, il obtiendrait de tous l’adhésion au fait accompli. Il serait toujours temps de s’expliquer par la suite. Tel était son programme qui présentait l’avantage de le dispenser de toute démarche préventive. Il vint donc s’installer à Rennes, capitale qu’il avait élue pour y réunir tous les chefs de la Chouannerie en une conférence dont l’éclat effacerait le souvenir de La Jaunais. De là il voisinait avec le quartier général de Boishardy, où il ne comptait que des approbateurs et où « sa politique » n’était pas discutée.

Séjour peu banal, la résidence de Boishardy dans ces premiers mois de 1795. Ce nid de chouans, si longtemps occulte et ténébreux, se trémoussait, au