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LA MIRLITANTOUILLE

tionnels qui paraissent plus étonnés que séduits par la suffisance de cet inconnu : il leur donne lecture d’un emphatique factum de sa composition : Paroles de Paix, et réclame l’honneur de porter au chef vendéen les propositions du gouvernement, s’engageant, au nom de tous les royalistes de la rive droite de la Loire, — qu’il commande, — à ratifier les conditions qu’acceptera Charette. On l’éconduit ; mais quand vingt jours plus tard, Charette s’installe avec ses lieutenants au petit château de La Jaunais, près de Nantes, pour s’y rencontrer avec les délégués de la Convention, Cormatin est là, siégeant parmi les chefs royalistes. Plusieurs de ceux qui participèrent à ces entrevues fameuses ont laissé des notes ou écrit des mémoires : aucun ne semble avoir pris Cormatin au sérieux ; pourtant il se dépense sans ménagement ; il est, de tous, le plus ardent avocat de la paix ; il exhorte les indécis, tente de convaincre les opposants, poussant ses instances jusqu’à l’indiscrétion, s’exposant même à des camouflets qu’il endure sans fierté excessive[1]. Et quand, le traité enfin signé, Charette fait dans Nantes son entrée triomphale, à cheval aux côtés des généraux de la République et suivi de son état major chevauchant parmi les officiers bleus, Cormatin est encore de la fête, de toutes les fêtes, jouissant vaniteusement de cette pacification qu’il croit son œuvre, sans songer certainement au quiproquo tragique

  1. Comme ce jour où, après une discussion avec Poirier de Beauvais, l’un des chefs de l’armée d’Anjou, il fut mis en présence de Stofflet, très opposé à la pacification, qui infligea à Cormatin un démenti public et le somma de montrer ses pouvoirs. — « Cormatin balbutia et ne répondit rien. » Mémoires de Poirier de Beauvais, p. 334-335.