Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
BOISHARDY

t-elle pas se montrer miséricordieuse envers les prêtres insermentés ? Il en détient deux dans sa prison du chef-lieu, et le représentant Bollet estime qu’il serait politique de « les oublier ». Ne voilà-t-il pas que ces criminels vont bénéficier de l’amnistie ! Pas d’indulgence ! Besné désapprouve la mollesse des députés en mission ; pour sa part, rien ne le fléchira. Son devoir est de juger sans délai et selon la rigueur des lois les ecclésiastiques réfractaires et il n’y faillira pas[1]. Une admonestation sévère du Comité de Législation et la menace de perdre sa place calment tout de même son zèle intempestif[2]. Il s’incline, mais « il s’ouvre de ses inquiétudes au Comité » : La République est « sans énergie » ; un scélérat, nommé Boishardy, « se disant chef de division de l’armée catholique et royale… ose prétendre capituler avec elle ! » — « Je crois, citoyens, qu’elle peut traiter avec les puissances ennemies quand sa gloire et son intérêt n’en souffriront point… Mais un traître doit être puni avec les conspirateurs qu’il s’est associés pour multiplier ses forfaits. » Et Besné, amèrement, termine : « — Je supprime mille réflexions… » C’est cela surtout qu’il ne supporte pas :

  1. Archives nationales, D111 58. Deux lettres de Besné, l’une sans date, l’autre du 10 pluviôse III.
  2. Archives nationales, D111 58, pièce 179. « Aux citoyens Boursault et Bollet, en mission dans le département des Côtes-du-Nord. Le Comité a lieu de concevoir quelque inquiétude de la moralité du citoyen Besné dont la correspondance est imprégnée de ce système de terrorisme qui a trop longtemps entravé la marche de l’esprit public. Il est possible que ce citoyen ne soit qu’emporté par son zèle peut-être louable dans son principe ; il nous suffit de le recommander à votre vigilance. En éclairant sa conduite, vous jugerez s’il y a moyen de le ramener à cette véritable mesure qui concilie la justice et l’humanité, ou s’il est nécessaire de l’éloigner d’une fonction importante dans laquelle l’exagération et le faux zèle peuvent faire des maux sans nombre et sans remèdes. »