Ce sont des lâches. Les chouans les méprisent et seraient les premiers à garder les côtes pour les empêcher de débarquer. — Qui donc informe si bien les royalistes des mouvements de l’armée républicaine ? — Ils ont des amis dans tous les corps constitués et reçoivent d’eux, outre des avis, les gazettes et le bulletin des lois. — Les chouans savent donc que la République est partout victorieuse ? — Ils le savent et ils s’en réjouissent ; la défaite de l’Autriche les a ravis d’aise. — Alors pourquoi ne pas se rallier au régime nouveau ? — Ils le feraient pour la tranquillité du pays si le gouvernement était plus stable et plus tolérant ; du reste ils ne sont pas les maîtres : leurs camarades ont horreur de la Révolution et ne pardonneraient pas la défection des chefs ; cependant le système d’humanité, adopté depuis quatre mois par la République est le plus sûr moyen d’apaiser les esprits[1]. »
Il est certain que l’entretien fut sans contrainte puisqu’il se prolongea jusqu’à la tombée du jour. Boishardy offrit l’hospitalité au républicain ; très satisfaits l’un de l’autre et déjà camarades, ils allèrent souper à Plémy et y passèrent la nuit dans l’un des refuges du proscrit[2]. Humbert reprit, au matin, le chemin de Moncontour. Dans l’après-midi du même jour les habitants de la petite ville assistèrent à ce spectacle extraordinaire : sept chouans armés, descendant du Mené, pénétrèrent dans le bourg et,
- ↑ Archives de la Guerre, Armées des côtes de Brest et de Cherbourg réunies, 11 nivôse, III, Humbert, général de brigade, au général Hoche.
- ↑ « Boishardy a couché à Plémy avec un général de la République, la nuit du 8 au 9 nivôse. » Lettre de Boudart, juge de paix à Plémet, citée par M. É. Bernard, loc. cit.