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BOISHARDY

min ; nous connaissions la force de votre escorte et nous avons retenu nos gens…

Il est temps de vous faire part de la sincérité de nos intentions… Ce n’est point lorsqu’on a fait la guerre de la Vendée, lorsque, depuis deux ans, on travaille avec constance à rassembler les sujets de Louis XVII au milieu de vos soldats, que la mort peut effrayer. Faites-nous envisager un gouvernement solide et fondé sur la justice, alors vous verrez ces prétendus brigands se déclarer en votre faveur et vous faire un rempart impénétrable aux vrais factieux.

Mais quelle foi voulez-vous qu’on fasse sur vos promesses ?… Vous nous reprochez des meurtres et des assassinats ! Mais lavez-vous auparavant de toutes les atrocités qui ont cruellement souillé vos armes dans la Vendée et qui, nous ne craignons pas de le dire, vous ont rendu l’exécration de ce peuple. On vous faisait des prisonniers ; et vous, non contents d’exercer vos fureurs sur les malheureux que le sort faisait tomber entre vos mains, vous brûliez encore les chaumières du paysan et assassiniez les femmes et les enfants… Nous vous parlons avec loyauté ; nous espérons de vous la même franchise. Décidez des sentiments avec lesquels vous voulez que nous soyons

Vos très humbles serviteurs.


À côté de Boishardy signaient ses lieutenants de Jouette et Solilhac.

Boursault riposta à cette verte apostrophe par quelques phrases boursouflées[1] que les chouans

  1. « L’humanité sans cesse en guerre avec elle-même, des hommes organisant le meurtre et le pillage, égorgeant leurs semblables désarmés, tout me force à répondre à votre lettre… Vous m’avez, dites-vous, sauvé la vie ; je la compterais pour peu si je devais être longtemps témoin des crimes qui se commettent en votre nom et que vous ordonnez… Quand la victoire et la justice ont sanctionné les droits du peuple, quand ce peuple peut exercer librement sa générosité, lorsqu’il accorde une amnistie, méritez d’en jouir et n’en doutez plus… » etc.