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LA MIRLITANTOUILLE

promené durant trente-six heures avec une partie de ses légions ; il avait parcouru douze à quinze lieues de pays sans rencontrer une patrouille ni un poste de gardes nationaux ; il avait laissé les gens de Jugon « charmés de ses manières affables et avenantes » et disparu avec ses cinq cents hommes sans qu’on pût imaginer dans quel gouffre ils s’étaient engloutis. La réussite de ce coup d’audace, ripostant aux avances de la Convention, inspirait aux autorités locales des réflexions peu réjouissantes. Comment pacifier sans le concours d’un tel homme ? Comment entrer en pourparlers avec lui ?

La difficulté de l’entreprise tenta Hoche ; il était attiré, d’ailleurs, presque séduit, par ce mystérieux rival si malaisé à vaincre. Usant des pleins pouvoirs dont il était investi, il « se porta garant de l’indulgence nationale envers Boishardy et ses lieutenants » et publia que « s’ils se rendaient à lui, ils n’auraient rien à craindre pour leur tête. » À la prière de Hoche, Bollet et Boursault signèrent avec lui cette pressante invite à la soumission. Cette fois Boishardy ne pouvait s’abstenir de répondre : Boursault trouva dans son courrier cette fière réplique[1] :

— Vous voulez avoir Boishardy coûte que coûte. Vous nous avez accusés dans la chaire de Moncontour d’être des assassins et des dévastateurs. Vous ignoriez sans doute que vous nous deviez la vie. Oui, nous savions l’heure à laquelle vous deviez passer sur le grand che-

    Ponts-et-Chaussées Beaugrand à l’ingénieur en chef Jacques Piou, citées par É. Bernard, loc. cit.

  1. L’original de cette lettre est aux Archives historiques de la Guerre, Armée des côtes de Brest et de Cherbourg réunies, à la date. Une copie, probablement saisie sur Cormatin, se trouve aux Archives d « la Préfecture de Police.