cet ancien suisse de Saint-Eustache qui a jeté la hallebarde aux orties[1], Grammont, comme Boursault, ex-comédien ; un ci-devant danseur à l’Opéra, Muller[2] ; un ex-hercule de foires, Turreau, qu’on avait vu, assure Danican, sur les marchés, soulever une table entre ses dents[3] ; un curé défroqué, Carpentier[4] ; un ridicule matamore, Santerre ; un garçon orfèvre, Rossignol, « le fils aîné du Comité de Salut public », proclamant lui-même « qu’il n’est pas f… de commander une armée[5] ». Ces états-majors font bombance, ripaillent insolemment, exhibent des filles… on a vu le général Ronsin, — autre baladin, — « dans un char fastueux, escorté par cinquante hussards, assis en compagnie de quatre courtisanes[6]. » Alors les paysans bretons et vendéens comparent : leurs chefs à eux sont La Rouerie, Lescure, Bonchamp, La Rochejacquelein, Boisguy, Boishardy, dont leurs pères ont connu et vénéré les pères ; ils sont avec eux en communion de croyances et de traditions ; comment auraient-ils hésité quand il fallut choisir ?
Depuis l’arrivée de Hoche en Bretagne, les scandaleuses mascarades avaient pris fin ; il imposait à ses subordonnés la discipline et, de cette nouveauté, naissait une sorte d’accalmie entre soldats et chouans ; mais ceux-ci gardaient méfiance aux conventionnels, trop prodigues de harangues insidieuses, de proclamations hypocrites, d’arrêtés