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BOISHARDY

l’Être suprême et la Raison, ils se refusent à rentrer sur l’invitation de ce sacrilège qui, le chapeau à plumes en tête, du haut de la chaire, prétend leur prêcher la philosophie. Ce qu’il dira est d’avance taxé de mensonge et de blasphème.

Un effroyable malentendu est le fond de ces guerres fratricides : au début, — et c’est à l’honneur des deux partis, — la haine réciproque naissait d’une égale sincérité de convictions : la révolution, certaine qu’elle apportait l’âge d’or avec les idées nouvelles, se heurta à la ténacité d’un peuple instinctivement convaincu, comme l’a écrit un sage « qu’il ne peut y avoir de bon temps à venir que celui qui ressemblera au bon temps passé. » Au lieu de se convaincre on s’égorgea tout de suite, les théoriciens siégeant à Paris, loin des combats, n’admettant pas qu’on discutât leurs oracles. De là tout le malheur. Quels apôtres dépêchèrent-ils dans l’Ouest pour porter le nouvel Évangile ? Des Billaud-Varenne, des Le Carpentier, des Carrier, avec comme seuls arguments l’échafaud, la fusillade et la noyade ; des satrapes frénétiques et débauchés, tels que Bourdon qui, pris de vin, toujours en fureur, veut, certain jour, « faire arrêter comme conspirateur un cheval emporté qui passe au galop sous ses fenêtres[1] ». À ces populations austères et pieuses « l’exécrable Convention qui a tout gâté[2] », expédie comme échantillons de ses missionnaires, de solennels Mascarilles qui prônent l’irréligion, profanent les vases sacrés, souillent les autels au nom de la République. Ses généraux sont Sépher,

  1. Louis Blanc, Histoire de la Révolution : la Vendée menace.
  2. Danican, Les brigands démasqués, p. 69